lundi 13 août 2012

L'avenir de l'Afrique

"Personne ne viendra
Changer l'Afrique à notre place
Je dis, personne ne viendra
Changer l'Afrique à notre place

Il faut se lever, lever, lever pour changer tout ça
On doit se lever, lever, lever pour changer tout ça

N'ayons pas peur de l'ouvrage
Et tout reprendre à zéro
N'ayons pas peur, tournons la page
Pour construire un monde nouveau"   

Paroles de "Il faut se lever" de Tiken Jah Fakoly

Ils s'appellent Modeste, Sanny, Delphin, Narcisse, Josias...ils sont jeunes et béninois. Pour eux, leur pays a trop souffert et il est temps de "se lever pour changer tout ça". Ils refusent de croire à la fatalité d'une Afrique en déclin, irrécupérable. Ils veulent faire bouger les choses et ne pas attendre que l'aide vienne de l'extérieur. Pour Modeste, il n'est pas question de quitter l'Afrique...son pays c'est le Bénin et il ne le quitterait pas pour aller vivre en France où il s'est rendu pour la première fois l'année passée. Sanny, a une rage de réussir dans la petite société de tourisme qu'il a créée dans le Nord et dans laquelle il a engagé d'autres jeunes, la plupart en difficulté. Delphin, aimerait tant que son pays soit enfin "indépendant" alors que le Bénin vient de fêter ses 52 ans d'indépendance. Narcisse, malgré les difficultés, refuse de se plaindre et sait que l'avenir sera meilleur s'il s'accroche à ce destin semé d'embûches. Enfin, Josias, son master d'environnement en poche, travaille dans l'association humanitaire de son père pour faire un travail de sensibilisation dans les cités lacustres proches de Cotonou pour que les populations locales puisse avoir un avenir meilleur.


Josias, actif dans l'association humanitaire de son père



Delphin, président de Double Sens Bénin



Modeste pour qui le Bénin restera toujours son pays

Narcisse se bat pour toute sa famille

Sanny, le jeune entrepreneur dans le tourisme 

Avoir rencontré cette jeune génération pleine d'énergie, d'enthousiasme et de projets fut un vrai cadeau au cours de notre voyage. Ce fut une belle bulle d'oxygène signifiant que le futur de l'Afrique pourrait être moins morose qu'il n'y paraît. A tous ces jeunes qui se battent, malgré le défaitisme ambiant et la corruption du pays, nous souhaitons de tenir bon pour que les prochaines générations ne soient plus sacrifiées et pour que l'Afrique puisse enfin se relever!




Au revoir le Bénin...

Samedi 11 août, 3h00 du matin. Dans le minibus qui nous mène à l'aéroport de Cotonou, Modeste, notre guide/chauffeur/cuistot que nous avons connu il y a 3 semaines, passe les chansons de Tiken Jah Fakoly. Ces notes de reggae africain nous plongent une dernière fois dans la réalité difficile de l'Afrique. En quittant le Bénin, nous nous réjouissons de retrouver un confort perdu depuis quelques semaines mais le ventre se noue à l'idée de laisser derrière nous toutes les personnes que nous avons croisées sur notre chemin avec très souvent des conditions de vie difficiles. Cette parenthèse africaine restera pour nous tous une expérience hors du commun qui nous fera évoluer d'une manière ou d'une autre. Nous aimerions garder en mémoire toutes les personnes rencontrées et pour certaines, tenir notre promesse de garder contact avec eux pour ne jamais les oublier, pour ne jamais les abandonner!


Modeste, chauffeur

Modeste, guide aux Bouches du Roy
Modeste, cuistot qui se débat avec le panier de crabes

Ganvié - Samedi 11 aout

Nous profitons (famille van Gorp) encore de notre dernière journée pour faire la visite de la ville lacustre de Ganvié et ses villages voisins que Christine, Olivier, Estelle et Océane avaient fait leur premier jour.
Suivez-ce lien pour plus d'information sur leur visite et les détails de Ganvié: http://benindoublesens.blogspot.be/2012/07/visite-des-cites-lacustres-samedi-21.html




Peugeot

La peugeot est la voiture préférée des béninois. Jugez-en vous même...



dimanche 12 août 2012

Retour chaotique vers le Sud - vendredi 10 août

Alors que notre mini-bus nous a lâchés depuis un jour et qu'il est en réparation à Bohicon, nous passons la matinée avec le chauffeur de Terre des hommes qui nous mène au Musée historique d'Abomey.

Les heures passent et les nouvelles du mini-bus ne sont pas très rassurantes. Nous devons pourtant reprendre la route vers Cotonou en tout début d'après-midi pour pouvoir y passer la soirée et pour les Brosteaux, pouvoir préparer les bagages puisque leur avion part à 5h du matin. Ne pensant pas que le mini-bus sera réparé, Nathalie appelle Sanny le responsable qui nous envoie 2 voitures pour nous emmener à Cotonou.
Nous quittons donc à regret Narcisse à Bohicon qui est très déçu de ne pouvoir poursuivre la route avec nous.
Commence alors une route de 3h vers Cotonou. 



On nous avait prévenu qu'elle était en très mauvais état mais il est assez difficile d'imaginer un tel état de détérioration pour une route qui mène à la capitale. C'est l'occasion pour nous de croiser une dernière fois des chargements improbables (fruits, légumes, animaux et même êtres humains), d'être arrêtés par une manifestation et d'être secoués comme dans un shaker.





Heureusement, nous arrivons à l'heure à Cotonou pour faire nos bagages pour le lendemain et surtout pour passer une excellente dernière soirée au Jammin, bar d'Aurélien et Modeste, avec Josias et son frère, nos guides à Ganvié lors de notre première journée au Bénin. La boucle est ainsi bouclée mais il sera dur de quitter ce pays et les nombreuses personnes rencontrées...





Formation professionnelle pour des jeunes en difficulté - Jeudi 9 août

Lorsqu'on parle de l'Afrique, nous associons tous à ce continent les problèmes liés essentiellement à la nutrition et à la santé en général. Ce que nous connaissons moins bien, c'est la problématique des enfants qui travaillent sur ce continent. Participer au travail de la maison est une chose tout à fait normale mais quitter sa famille pour partir à l'étranger et être exploité par d'autres en travaillant dans des conditions bien trop pénibles pour des enfants est contraire aux Droits des enfants. C'est pourquoi, Terre des hommes (Tdh) aide des enfants béninois de la région de Bohicon partis au Nigéria pour travailler dans une carrière de pierres à revenir au pays. Pour ceux qui sont en âge de suivre une formation professionnelle, Tdh les aide à trouver une place d'apprentissage où ils apprendront un métier, leur évitant ainsi de repartir pour gagner de l'argent au Nigeria.
Nous avons rencontrés certains de ces jeunes apprentis.
Laurèle de Tdh nous présente Ange, garçon de 17 ans, qui a choisi un apprentissage en soudure. Amené par son oncle au Nigeria à l'âge de 14 ans pour y travailler 6 jours sur 7 et sans salaire, Ange a 15 ans lorsqu'il rencontre les équipes de Tdh qui le font revenir à Bohicon où il suit depuis son apprentissage et rêve ensuite d'ouvrir son propre atelier.
Christiane est partie vers 5 ans au Nigeria avec un des responsables de la carrière qui avait promis d'emmener leur fille pour lui offrir une bonne éducation. Dix ans plus tard, à la mort de ce responsable, les parents découvrent que Christiane n'est jamais partie pour l'éducation mais qu'elle a travaillé pendant toute son enfance dans les carrières de pierre en y vendant des cacahuètes. A 15 ans, Christiane est revenue à Bohicon où Tdh lui permet de suivre un apprentissage en couture.
Nous avons encore rencontrés d'autres apprentis et ce qui nous a marqué chez tous c'est ce visage très fermé qui en dit long sur ce qu'ils ont vécu pendant leur enfance. Nous leur souhaitons de trouver dans leur métier beaucoup de bonheur et de satisfaction qu'ils n'ont pas pu connaître étant enfants.

Santé materno-infantile - Jeudi 9 août

La mortalité infantile très importante du Bénin (125 pour mille contre 4 pour mille en Suisse) oblige Terre des hommes (Tdh) à agir dans le domaine pour prévenir entre autres, les cas de malnutrition et enseigner aux mamans des conseils de santé leur permettant par exemple de préparer une bouillie complète avec les aliments dont elle dispose et de reconnaître les signes de paludisme pour une prise en charge précoce et efficace. Pour toucher un nombre important de mères et d'enfants, Terre des hommes se rend dans les villages les plus éloignés. 68 villages sont couverts actuellement par ce projet et l'objectif est d'en atteindre 120 d'ici fin 2013. Ainsi, ce sont des milliers de femmes et d'enfants qui seront soignés par Tdh. Accompagnés d'Ibrahim, assistant social, nous nous rendons dans le village de Kpoto, dans les environs de Bohicon, pour participer à une séance mensuelle de pesée des bébés et enfants jusqu'à 5 ans.


Après la pesée, les mamans relais ç.à.d celles formées par Ibrahim pour relayer les conseils de santé et d'hygiène aux mamans, entament des chants de sensibilisation au paludisme. Dans un de ceux-ci, les dangers des moustiques sont rappelés et les paroles engagent les mamans à fuir les moustiques grâce aux moustiquaires, en évacuant les eaux usées et en débroussaillant autour du village. La plupart des mamans sont analphabètes et il est donc important que les messages passent par les chants et non par l'écrit. Voici un petit extrait d'un moment touchant pour nous...
Magnifiques moments passés avec ces femmes et ces enfants qui vivent le plus simplement du monde loin de la civilisation, sans éducation et sans richesse mais à qui il est quand-même important de parler des moyens qu'elles ont pour améliorer la santé de ce qu'elles ont de plus cher au monde: leurs enfants!

















Service de Pédiatrie- Hôpital d'Abomey- Jeudi 9 août


Notre journée avec Terre des hommes (Tdh) commence avec la visite du Service de Pédiatrie de l'Hôpital Départemental du Zou à Abomey. Ce service a été construit et financé par Tdh en 1995. Après 5 ans de gestion, ce service a été légué à l'Etat qui en est actuellement responsable en collaboration avec Tdh et la Coopération suisse. Cette collaboration permet à l'hôpital d'offrir des soins à des tarifs raisonnables (1700 FCFA = 3,40 CHF) par journée d'hospitalisation.
Dr Bossou, responsable du Service, nous reçoit aimablement.

Le Service de Pédiatrie comporte 4 secteurs: celui des Urgences qui permet de faire le "tri" et de garder éventuellement les enfants à l'hôpital selon l'état, la néonatalogie, essentiellement pour les prématurés ou les nouveaux-nés souffrant d'infections, la pédiatrie générale et le secteur des malnutris.

Beaucoup de mères et d'enfants aux urgences pour la pesée

Bébé prématuré sorti du service stérile le temps de la tétée

Chambre stérile réunissant tous les nouveaux-nés

La pédiatrie générale accueille des enfants souffrant surtout d'anémies, de paludismes et d'infections. Ce secteur, comme les autres, est divisé en 2 parties: l'une pour les cas graves et l'autre pour les cas qui vont mieux.
Parmi les infections, le SIDA a pu être pris en charge depuis 2006, année où les antirétroviraux sont apparus dans l'hôpital. Le suivi des mères séropositives pendant la grossesse et ensuite du bébé pendant les 18 premiers mois de vie est essentiel pour pouvoir traiter le bébé au plus vite s'il devient séropositif. Les traitements sont pris en charge par le Fonds Mondial mais il arrive que parfois l'hôpital est en rupture de stock.




Enfin, le secteur des malnutris permet aux enfants de récupérer un meilleur état de nutrition avant de rentrer chez eux et surtout d'éviter qu'ils en meurent. C'est ce secteur qui existait déjà à Bohicon comme Centre de Nutrition de Tdh avant que le Service de Pédiatrie soit construit en 1995.
















Outre ces 4 secteurs, le service de Pédiatrie possède encore un laboratoire et une pharmacie. 


La visite de ce service nous a donc permis de voir le fonctionnement d'une structure hospitalière qui marche et qui permet à 4000 enfants par année de recevoir des soins. 
Deux fois par année, une mission chirurgicale, menée par la Dresse Judith Holfeld est organisée pour, dans un premier temps, dépister les cas à opérer et dans un deuxième temps, réaliser les interventions chirurgicales. Pour les enfants inopérables sur place, la solution d'un "voyage vers la vie" en Suisse est proposée permettant ainsi à une quinzaine d'enfants par an de bénéficier de soins spécialisés au CHUV à Lausanne.

Très belle visite d'un hôpital qui donne confiance même si, bien sûr, les conditions ne sont pas celles d'un hôpital européen...

Terre des hommes au Bénin - Jeudi 9 août

Joie pour Christine de retrouver les équipes locales de Tdh
Active depuis 10 ans dans l'ONG suisse Terre des hommes (Tdh) (www.tdh.ch) et impliquant très fortement ma famille, j'ai toujours voulu voir sur le terrain ce qui était réalisé par les équipes locales. Un voyage au Bénin impliquait donc de nous rendre à Bohicon où Tdh est active. Nous avons eu l'occasion de passer une journée entière avec l'équipe locale de Tdh en visitant le service de Pédiatrie de l'Hôpital d'Abomey, un village dans lequel Tdh intervient pour la santé materno-infantile et des jeunes en formation professionnelle retirés d'une carrière de pierres au Nigeria où ils travaillaient dans des conditions trop difficiles.
Service de Pédiatrie de l'Hôpital Départemental du Zou


Séance mensuelle de pesée dans un village à 45 min de Bohicon

Atelier de couture accueillant Christiane revenue du Nigéria

Cette journée intense en émotions fut très riche pour nous tous et pour notre famille l'occasion de voir que, comme à chaque visite des programmes de Tdh, les projets sont sérieux et que notre travail durant toute l'année en Suisse pour récolter des fonds et sensibiliser les gens vaut vraiment la peine!! Nous sommes donc motivés à bloc pour continuer notre action...prochain événement prévu: tournoi de tennis et badminton en novembre en faveur de Tdh au Bénin!
Vincent, responsable Santé materno-infantile à Tdh Bénin

Expérience inédite au pays Somba - 7 août

Un des moments forts de notre séjour dans le nord fut sans conteste notre excursion vers le pays Somba à la frontière du Togo. Après une bonne heure de piste sur des motos, nous sommes arrivés au Tata qui nous a accueillis pour la nuit. 
Les tatas sont un trésor d'architecture que l'on rencontre dans le Nord du Bénin au pied des  montagnes de l'Atakora. 
Un Tata Somba est constitué de deux étages. 

Au rez-de-chaussée, après avoir passé l'unique entrée, l'on entre dans l'étable qui comporte une petite entrée vers le poulailler suivie de la chambre des aînés où le feu brûle en permanence et avant de monter à l'étage, la cuisine.


A l'étage, se trouvent les greniers (pour le mil et le sorgho) et deux cases servant de chambres. La terrasse qui se trouve au centre des greniers et des cases permet d'étaler les récoltes pour les sécher.


Un Tata Somba sert à la fois de logement à la famille, de protecteur ou de support des silos à grains, d’habitation des animaux domestiques. 
Après une petite promenade vers un point de vue magnifique sur la région de l'Atakora, nous avons mangé un délicieux repas fait de riz, légumes mijotés et de pintades (qui avaient  fait tout le voyage vivantes sur les motos d'Etienne et Olivier...).


L'heure était venue de découvrir l'endroit où nous allions dormir...Initialement prévue à la belle étoile sous des moustiquaires en forme de tente, la nuit s'est finalement passée dans les cases destinées à dormir...2,50 m de diamètre et hauteur max. 1,40m...une seule entrée laissant juste la place au corps pour passer couché...gare donc à la claustrophobie. Nathalie et Audrey n'ont pas pu supporter cet espace trop restreint plus d'1/2h et ont donc passé la nuit avec les guides. Quant aux 4 Brosteaux serrés comme des sardines et bien au chaud, la nuit fut plutôt chaotique et surtout inoubliable!